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« Nettoyer la réalité pour voir autre chose » : 3 questions à Julien Guery, géoarchéologue.

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Drones, modélisation, regard sur l’archéologie d’aujourd’hui.

ACTU-CAPTAIR-2014Qu’est-ce que les fouilles numériques ?

Avec les nouvelles technologies, archéologues et géologues ont accès à des outils qui permettent de voir au-delà du visible. Croquis, photographies, les chercheurs parvenaient à l’observation d’un détail de chantier par un point de vue subjectif, lié à l’angle choisi. Aujourd’hui nous obtenons une modélisation 3D scientifiquement exacte des vestiges et objets découverts. Elle est en outre, facile à manipuler.
La photogrammétrie resserre les distances entre la réalité et l’enregistrement. Ce procédé est réalisable grâce à plusieurs appareils disposés à différents points de vues stratégiques. En recoupant les clichés, nous obtenons une représentation 3D exacte de la réalité dans une qualité très fine. Des détails imperceptibles se révèlent. Intérieur des objets, négatifs des structures, les nouveaux outils de numérisation des fouilles modifient la façon que l’on a de se représenter la réalité.
L’orthophotographie, autre outil de la fouille numérique, permet la reconstitution de plans aériens extrêmement précis à l’aide d’appareils photos fixés sur des drones (petit avion sans pilote télécommandé).

Comment est née l’idée d’orienter vos recherches vers les fouilles numériques ?

Ma licence en géologie et mon master AGES (Archéo-GEo-Sciences) me donnent une expérience de terrain. J’ai toujours été curieux. Cette formation interdisciplinaire ouvre de nombreux champs de perspectives. Mes expériences en imagerie de détection LIDAR ont conduit à la réflexion d’une meilleure qualité de fouille numérique. Ce travail est l’objet de ma thèse avec le laboratoire ArTeHis et la jeune société Captair dont je suis un des chargés de projet.
Il s’agit de réfléchir à cette technologie, analyser ce qu’elle apporte aux archéologues et géologues. Comprendre la façon que l’on a de se représenter la réalité.
Je suis en contact direct avec les archéologues pour comprendre leurs besoins. La modélisation 3D est un apport certains dans le monde archéologique mais le retour terrain reste essentiel.

Quel apport pour l’archéologie ?

Le chercheur passe par 3 phases dans ses recherches : l’observation, la description et l’interprétation. En augmentant la qualité de l’observation, nous améliorons les conditions de description et donc d’interprétation.
Il existe un danger : se noyer dans une multitude de données. L’important est de poser des cadres et hiérarchiser les besoins suivant le type de site. Important aussi de vérifier sur le terrain, les données enregistrées.
Dans le domaine de l’archéologie préventive, ces relevés exacts favorisent la préservation d’éléments voués à disparaître à cause de conditions météorologiques défavorables ou de la possible construction sur le site. C’est aussi un apport pour la préservation de l’environnement. Au lieu de décaper tout un chantier de fouilles pour en avoir une vision globale, on procède zone par zone et on complète l’information par l’orthophotographie.
Ce qui évolue surtout ici, c’est la question de point de vue.

 

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