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Quand le tram dort, les chercheurs sèment

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ACTU-mychoryze-2014L’objectif ? Observer les effets bénéfiques de champignons microscopiques sur la croissance végétale. Daniel Wipf, professeur de physiologie et biologie végétale à l’université, raconte cette expérience de jardinage nocturne peu banale.

Mais que font les chercheurs la nuit ? Durant deux nuits, entre 1 h et 4 h du matin, de petites mains ont disséminé un mélange de culture de mycorhizes et de bactéries favorables à la croissance des plantes. 180 carrés de 1m² sur une parcelle de terre de 200m² du tram en plein milieu du campus de l’Ub ont été labourés.

Deux panneaux de signalisation « Expérience en cours » encerclent toujours la plantation pour la protéger du piétinage. « Ce type d’expérience grandeur nature est piloté pour la première fois en France. Dijon pourrait devenir une référence en la matière. L’Allemagne et les Etats-Unis, plus axés sur le développement vert des villes, étudient déjà les mycorhizes sur leurs jardins et murs verticaux », précise le passionné.

Culture de bactéries et de champignons à l’institut

La pelouse du tramway, très souvent semée sur des bandes de béton, accède difficilement aux nutriments du sol. La ville de Dijon, Grand Dijon et les Jardins de l’Arquebuse demandent au biologiste de travailler sur un fertilisant naturel pour éviter l’usage d’engrais. Ces produits de synthèse polluent et dérèglent les cycles de croissance des plantes. Les mycorhizes sont une bonne alternative environnementale.

Fin mars, l’expérience débute par l’extraction de carottes de sol afin d’en récolter les bactéries bénéfiques présentes dans la terre. Au laboratoire de l’INRA, l’institut cultive bactéries et champignons micorhizogènes. Trois à quatre semaines de culture assénées pour être sûr de n’avoir pas d’autres germes venant fausser l’expérimentation.

Des plantes chameaux

En partenariat avec DLF (Filiale française du N°1 en semences de graminées et trèfles fourragères et gazon) et le distributeur Naturalis à Chenove, l’équipe « mycorhize » de l’UMR Agroécologie travaille sur une variété de semence pour plantes dites chameaux (peu gourmandes en eau) et à faible croissance. Ce mélange de graminée ajouté aux cultures de bactéries et de champignons permet de tester directement l’action des mycorhizes sur la pousse du gazon.

Des résultats attendus sur le plan national

Lorsqu’un champignon rencontre une racine, une mycorhize naît. Cet organe est le fruit d’une symbiose mutualiste. Le champignon puise dans le sol des nutriments tels que l’azote, le phosphate et le potassium. Il les transfère à la plante pour l’hydrater. Cela a pour effet de la déstresser et de favoriser sa colonisation du sol. En échange, la plante offre les substances nécessaires au développement des fruits du champignon (truffe, bolet, etc.) grâce à la photosynthèse. « 95 % des plantes terrestres sont concernées par cette alliance. Apparue il y a 450 millions d’années, la mycorhization n’est pas un phénomène récent. Elle n’était simplement pas mise à profit », poursuit Daniel Wipf.

Les études sur les mycorhizes portent essentiellement sur trois objectifs : réduire la fréquence d’arrosage, réduire la fréquence de tonte et obtenir un gazon plus résistant sans utiliser d’engrais. D’autres villes équipées de tramways soulèvent également cette problématique. Les résultats de l’expérience dijonnaise sont très attendus et devraient être utiles sur le plan national.

« On voit déjà le gazon repousser mais les résultats ne seront définitifs que dans 2 ans. Il faut laisser le temps aux mycorhizes de s’adapter aux conditions naturelles », affirme le professeur en surveillant son atelier botanique depuis la fenêtre.

 

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