Ce 10 mars, le Comité de Paris de la Ligue contre le Cancer a remis le prix Olga Sain à Lionel Apetoh, jeune chercheur dijonnais appartenant à l’unité de recherche Inserm « Lipides, nutrition, cancer ». Cette distinction vise à récompenser ses travaux très prometteurs sur l’identification des mécanismes moléculaires responsables du développement de réponses immunitaires cancéreuses. Ses recherches devraient permettre de créer de nouvelles stratégies d’immunothérapie.
Vous venez de recevoir le prix Olga Sain pour vos travaux en cancérologie. En quoi consistent ces découvertes ?
Lionel Apetoh : Ce prix a été attribué à un ensemble de travaux effectués depuis plusieurs années dans le domaine de l‘immunologie du cancer, et plus particulièrement sur la capacité des cellules de notre système immunitaire à reconnaître et à détruire les cellules cancéreuses. Au cours de ma thèse, j’ai étudié la façon dont certains médicaments utilisés dans la chimiothérapie des cancers agissent en grande partie en activant la capacité des cellules immunitaires à tuer les cellules tumorales.
A la suite de mon doctorat, j’ai poursuivi mes recherches aux Etats-Unis à l’Université Harvard à Boston et découvert qu’une population de globules blancs, les lymphocytes T CD8, se retrouvaient paralysés, épuisés face à une tumeur, mais qu’il était possible de restaurer leur capacité de lutte contre le cancer en les stimulant avec certaines molécules. Une stratégie qui pourrait être utilisée chez l’Homme.
Depuis mon retour à Dijon, je travaille dans l’équipe de François Ghiringhelli au sein d’un laboratoire mixte de l’INSERM et de l’Université de Bourgogne. Nous étudions comment certaines cellules du système immunitaire freinent la croissance tumorale. Nous avons isolé et cultivé ces cellules et leur avons conféré des propriétés anti-cancéreuses. Le but est à terme de les réinjecter chez des malades atteints de cancers ne répondant plus aux traitements habituels.
Que représente ce prix pour vous ?
L. A. : C’est une reconnaissance importante. Initialement, j’ai été soutenu financièrement par la Ligue contre le Cancer lors de ma thèse. Être reconnu par cette institution représente donc beaucoup pour moi. La cérémonie était très émouvante car Aristide Sain, qui a créé le prix Olga Sain en souvenir de sa femme décédée d’un cancer, vient lui-même de mourir en janvier. Le fait de recevoir de tels encouragements de la part de sa famille est pour moi une invitation à aller encore plus loin. De plus, cela me permet de faire connaître les travaux de notre équipe et d’obtenir ainsi d’autres soutiens. C’est aussi un moyen de montrer qu’à Dijon, nous pouvons faire de grandes choses et de contribuer à la recherche nationale et internationale sur le cancer.
Qu’est-ce qui, selon vous, a fait la différence ?
L. A. : Deux éléments. Le premier est la qualité de nos travaux, reconnus par leur publication dans de grands journaux scientifiques. Le second est le fait que je ne sois pas retourné dans mon laboratoire de thèse. J’ai choisi d’aller travailler dans un autre environnement, ce qui développe mes capacités d’innovation.
Site du centre de recherche Inserm UMR866 « Lipides, Nutrition, Cancer »